○ will see my footprints on every floor.

Dehors. Il n’y a que le bruit incessant des gens qui suivent le mouvement long de la file d’attente. Cette de foule n’a strictement pas diminué depuis le début de la soirée et ne le fera probablement pas, comme quoi les invitations servent à quelque chose de temps en temps. Cellulaire en main, tu composes le numéro de l’appartement afin de prendre des nouvelles de ta nièce. Ta sœur a bien voulu jouer les baby-sitters ce soir mais comme promis tu passes un coup de fil à Susie. Une habitude qui avait pour tendance à rassurer la fillette qui du haut de ses sept années restait encore très enfantine en dépit de sa maturité un peu trop avancé à ton gout. Au bout de la troisième sonnerie, l’appel est décroché. A l’autre bout du fil tu peux entendre le son de la télé – certainement un film à l’eau de rose de ta cadette – et le rire cristallin de Susie couvre le reste du bruit. Son rire est contagieux car tu esquisses un sourire franc sur le bout de tes lèvres tout en lui reprochant de ne pas encore être au lit à cette heure du soir. Bien évidemment, sa réponse est celle de sa tante lui ayant assuré que le week end, elle pourrait se coucher un peu plus tard. « Tu rentres quand oncle Aleph ? ». T’interroge-t-elle d’une voix douce et teintée de craintes à la fois. Ce n’était qu’une simple question, mais derrière cette simplicité redondante tu savais combien elle avait peur de se retrouver toute seule comme avait pu le faire sa mère quelques mois auparavant.  Tu jettes un bref coup d’œil à ta montre sur ton bras gauche, tout en lui murmurant avec une sérénité protectrice. « Bientôt ma grande, ne t’inquiète pas pour ça. ». « Tu promets ? ». Un moyen de se sentir en sécurité. Susie avait toujours le besoin constant d’être rassuré, une fragilité qui ne cessait de grandir depuis que sa mère avait intégré le centre de Chicago. « Promis ma puce. ». La sonorité de son rire te permet de savoir que ces inquiétudes ont été balayées, tu es heureux de l’entendre de nouveau sourire loin des problèmes de l’existence, elle demeurait bien trop grande pour cela. Après quelques paroles de complicités avant qu’elle ne s’endorme, ta petite sœur reprend le téléphone. « Alors il y a des jolies filles ? ». Te demande-t-elle sur un ton curieux et intéressée. Tu secoues la tête amusé par ses propos avant de reprendre avec un ton détaché. « Mêle toi un peu de ce qui te regarde, et évite d’invité ton copain tu veux. ». Elle tente tant que bien de nier les faits, mais ton rictus espiègle s’essouffle lorsque tu raccroches. Voilà de quoi lui occupé l’esprit lors de ton retour. Rangeant ton téléphone portable dans la poche arrière de ton pantalon, tu rejoins l’enceinte du bar. L’air de jazz en bruit de fond laisse place à une ambiance détendu et quelque peu convivial, les volutes de fumée s’évaporent comme une essence naturelle. Ton cercle d’amis évolue quand à lui autour d’une partie de poker, mais en ce qui te concerne tu préfères rejoindre le comptoir du bar lorsque tu aperçois une longue chevelure brune qui ne t’es pas inconnue. Cora. Elle était l’une de tes anciennes élèves les plus douées jusqu’à ce qu’elle mette un terme à ses études pour des raisons qui sont restés inconnues, dont seule la direction de l’université connait les véritables  vérités. « Cora ? ». L’interpelles-tu afin de qu’elle se tourne en ta direction, ce qu’elle finit par faire quelque peu surprise. Elle passe une main sur son visage dont les prunelles légèrement rougis en dit long sur son moral. Elle reste silencieuse un long moment, tandis que la musique de Franck Sinatra joue en fond sonore. Respectant sa décision tu n’insistes guère plus que cela, tu restes simplement là à attendre qu’elle daigne bien vouloir ouvrir le dialogue. « Je ne pensais pas vous trouvez ici, je suis désolée. ». Commence-t-elle d’une intonation pondérée mais emplit de mystères à la fois. Elle passe une main dans sa chevelure ondulée, la moue gênait et mal à l’aise. Elle s’accoude un peu plus contre le comptoir du bar, comme pour se redonner de la constance. Tu ne te contentes de l’observer pour mieux comprendre ce qu’il lui arrive. « Le monde est petit après tout. Allez viens je te raccompagne si tu veux ? J’allais partir de toute manière. ». Ton timbre calme est contagieux et semble l’inciter à s’ouvrir davantage. Elle hoche lentement la tête, un maigre sourire accompagnant son geste. (…) Les bras croisés contre sa poitrine, elle se contente d’observer le macadam pavé, elle redevient silencieuse. Tu ouvres la porte de ton véhicule à distance, mais la jeune femme se contente de s’appuyer contre la voiture. « La vérité c’est que je suis partie parce qu’ils sont décédés. Je pensais pouvoir faire face toute seule, je le pensais mais finalement c’est  … J’y arrive tout simplement pas Aleph. ». Des larmes ruissèlent le long de ses joues qu’elle essuie d’un revers de main, son visage te toisant d’une expression sans bruit. Elle vient se blottir dans tes bras, que tu refermes autour d’elle tentant de lui offrir un pilier dont elle a besoin. Son mal être et ses ressentis, tu en avais une brève idée pour avoir vécue certaines expérience douloureuses de l’existence. Chaque être humain ayant son lot de souffrance un jour ou l’autre. Tu la laisses pleurer parce que tu sais qu’elle en besoin. Doucement, tu relèves son menton vos yeux s’accrochant tout naturellement. « Ca va aller, Cora. Tu es bien plus forte que tu ne le penses. ». Tes mots sont apaisants certes, mais la certitude qui y ressort est une vérité en laquelle reprend confiance. Tu ramènes une mèche de ses cheveux derrière son oreille avant de reprendre. « Allez vient je te raccompagne. ». Vous échangez un sourire commun dont vous ignoriez encore la véritable signification.